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"Chemtrails"

Type :
Légende urbaine (autrement dit :
un beau canular ! )
En circulation depuis :
Février 2005


"Traînées de poudre aux yeux...
Ces traces dans le ciel... Ne serait-ce pas la preuve que les militaires tentent de vous empoisonner ? Ou n'est-ce qu'une théorie du complot de plus ?
Depuis 2005 le sujet revient régulièrement sur HoaxBuster. A en croire le site chemtrails-france.com, les militaires répandraient en toute illégalité des produits chimiques à l'aide des avions qui sillonnent le ciel. Le pire est que ce projet secret serait financé illégalement par vos impôts. Vous en doutez ? Eh bien, levez donc les yeux un jour de beau temps et vous verrez ces traînées blanches qui zèbrent le ciel d'azur, preuves indiscutables de la réalité de ce programme. Et comme on dit : il n'y a pas de fumée sans feu."
 Alors ? Vérité ou vaste fumisterie ?

Un peu d’histoire
La théorie des chemtrails - [kɛm] "chemical" [tɹeils] "trails", littéralement "traînées chimiques" - est apparue aux Etats-Unis en 1996 peu après la publication d'une étude de l'Université de l'Air intitulée : "Le climat comme un multiplicateur de force: posséder le temps en 2025".
Dès lors, les chemtrails ont été définis comme des traînées de produits chimiques répandues dans l'atmosphère pour modifier le climat. Elles seraient plus persistantes que les traînées de condensation habituellement laissées par les avions et remonteraient au début des années 80.
Par la suite, à la théorie de la modification du climat s'est ajoutée celle du contrôle des populations par la manipulation mentale ou l'affaiblissement des défenses immunitaires.
Ça saute aux yeux ?
Les chemtrails seraient visibles quand le ciel est dégagé, ce qui, en soi, est assez évident. Mais encore faut-il, selon chemtrails-france.com, que certaines conditions soient réunies. A savoir :
Juste avant un jour pluvieux ou orageux ;
Après une longue période de pluie ;
Au lever du soleil en hiver ou au coucher du soleil quelle que soit la saison ;
Toujours le jour, jamais la nuit !
Et, bien sûr, il faut qu’un avion soit passé…
Commençons par là. Un turboréacteur de dernière génération comme le GE90 de General Electric qui équipe le Boeing 777 absorbe 1.100.000 litres d'air par seconde, soit un volume correspondant à peu près à un cube de 10 mètres de côté. Forcément, l'humidité absorbée avec l'air se trouve concentrée à la sortie de la tuyère, d'où formation d'une traînée de condensation (ou contrails) qui se dissipe au bout d'un délai fixé par le taux d'humidité, la température et le vent régnant à l'altitude de vol.
Pour former un nuage, il suffit de 0,5 à 5 grammes d'eau en suspension par mètre cube d'air sous forme de gouttelettes pour les nuages massif tels que les Cumulus, les Cumulonimbus et les Nimbostratus ou de cristaux de glace pour les nuages d'altitude à l'aspect ténu ou effiloché comme les Cirrus et les Cirrocumulus.
Mais pour qu'un nuage se forme, il faut que l'humidité en suspension rencontre un noyau de condensation qui peut être une poussière, un grain de sable, de la suie ou les résidus de combustion (appelés aussi microparticules) issus des réacteurs d’avion.
Voilà pourquoi le site affirme que les chemtrails se forment lorsque le temps est humide et/ou froid à la sortie d'un réacteur qui concentre l'humidité mêlée des résidus de combustion de kérosène… Des conditions qui sont exactement les mêmes que celles qui favorisent l’éclosion des contrails !
Dès lors, on peut se demander si les chemtrails existent bel et bien, surtout que leur utilité est problématique, on va le voir.
Des traces, pour quel dessein ?
A quoi pourraient bien servir les chemtrails ?
A protéger la Terre contre le réchauffement climatique ou les rayonnement dangereux du soleil ?
Mais alors pourquoi garder le projet secret et pourquoi le confier aux militaires ? Bien au contraire, les gouvernements s'empresseraient de communiquer sur le sujet. Après tout, c'est dans l'intérêt de tous.
L'autre problème de cette proposition est qu'elle part du postulat que la création de nuages à haute altitudes induit un refroidissement des couches basses de l'atmosphère du fait de la réverbération du rayonnement solaire vers l'espace. Mais c'est oublier un peu vite que ces nuages participent aussi activement à l'effet de serre en empêchant le renvoi vers l'espace de la chaleur de la basse atmosphère comme le rappelle Jean-Marc Jancovici sur son site Manicore.
Cette hypothèse est donc politiquement et scientifiquement discréditée.
A empêcher les nuages de se développer dans la haute atmosphère pour protéger la couche d'ozone ?
Le problème est que la couche d'ozone se situe entre 15 et 40 kilomètres d'altitude alors que les nuages les plus élevés, les Cirrus, culminent à 12 kilomètres, soit 3 kilomètres plus bas que la couche d'ozone.
Rappelons également que, si de tout temps l'homme a voulu dompter la nature et maîtriser le climat, par exemple en ensemençant les cyclones avec de l'iodure d'argent avec le programme Stormfury, il n'y a jamais eu aucun résultat probant, comme l’a démontré l'arrêt de ce programme.
Cette deuxième explication est donc elle aussi scientifiquement discréditée.
A empoisonner les populations, ce qui expliquerait que le projet soit confié à des militaires et caché à la population ?
Mais dans ce cas pourquoi ne pas faire les épandages de nuit, à l'abri des regards indiscrets plutôt que de les interrompre certains jours et d'utiliser les médias pour manipuler les masses ? Ce serait nettement plus simple et tout aussi efficace.
Et surtout, pourquoi semer ces substances à haute altitude ? En effet, plus un épandage va avoir lieu loin de la cible et plus le produit largué risque de tomber à côté, raison pour laquelle les épandages agricoles se font au ras des cultures à traiter. De plus, entre 10 et 15 kilomètres d'altitude règnent les jet-streams, des vents soufflants entre 200 et 300 kilomètres par heure… Du reste, l'éruption du volcan islandais Eyjafjöll a clairement démontré qu'un point de largage (ou de départ dans le cas du volcan) pouvait couvrir de très vaste territoires par le simple fait du déplacement des masses d'air au gré des anticyclones et dépressions. Enfin, compte tenu de cette dispersion des produits, tout le monde en recevrait la même dose, y compris les militaires, leurs familles et les décideurs du projet… Cibler une population donnée serait tout bonnement impossible.
Cette explication n’est donc pas plus convaincante que les précédentes.
A créer un état de sécheresse permanente ?
Compte tenu de la dispersion dont il est fait état plus haut, ce phénomène, s'il existait, toucherait obligatoirement l'ensemble du globe. Malheureusement, les observations récentes sur la France montrent au contraire une augmentation de la moyenne des précipitations dans la plupart des régions.
Là encore, l'hypothèse est invalidée par les observations scientifiques.
En résumé, aucune des hypothèses présentées ici ne résiste à un examen un peu poussé.
La preuve par l'image ?
Les tenants de ces théories présentent pourtant toutes sortes de photos pour les étayer. De l'avion à réaction à haute altitude à l'avion de transport régional très pixélisé tout y passe, alors même que le projet est censé être mené par des militaires.
En fait, les images tendraient plutôt à infirmer leur théorie...
Ainsi, les chemtrails auraient commencé à être diffusés dans les années 80 dans le bloc occidental. Donc, fort logiquement, il n'y aurait que peu de traces dans les décennies précédentes. Malheureusement, cette affirmation est contredite par un film de la propagande allemande datant de la seconde guerre mondiale, qui montre, dès les premières minutes, de gigantesques traînées laissées par des B17.
Voit-on seulement plus de traînées depuis les années 80 ? C'est fort probable compte tenu de l'évolution du trafic aérien. Ainsi, l'Aéroport International de Genève a vu son trafic passer de moins de 80 000 passagers en 1980 à plus de 140 000 en 2006 soit une hausse de 75 % en 16 ans. Le nombre de passagers augmentant plus vite que la taille des avions, on assiste du coup à une augmentation du nombre des avions de transport de passagers sillonnant le ciel et, par voie de conséquence, à l'augmentation du nombre de traînées de condensation.
Conclusion
Au final, qu'avons nous ? Autant le dire, rien. Un plan ultra secret dont, par définition, personne n'a jamais entendu parler, conçu dans un but nébuleux dont on n’est même pas sûr qu'il soit contraire à l'intérêt de l'humanité, et dont l'existence n’est attestée que par l'observation de phénomènes pour lesquels il existe une explication parfaitement rationnelle. Mais pourquoi s'embarrasser de la vérité quand il suffit d'affabuler ? Nul besoin de démontrer qu'on a raison puisque ce sont les autres qui mentent ou sont complices du complot…

Allez sur le site           http://www.hoaxbuster.com/     quand vous avez un doute sur des affirmations un peu rocambolesques !


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