Dernière modification: 05/07/2012

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Bangkok

Dimanche 18 à mardi 20 décembre 2011.

Surin et Bangkok.

Je me laisserais facilement aller. Le climat aidant, je ne suis pas très dynamique. Je mange bien, je dors beaucoup, et j’ai parfois la désagréable impression de perdre mon temps. Alors, je pars ce soir à dix heures. Yuthasat m’accompagne à la gare, dans la camionnette. Nous arrivons à Lamchi, la petite gare du quartier. Une horde de chiens clabaude avec ardeur, et à l’écho de leurs hurlements répondent d’autres aboiements dans le lointain. Amnoay et Yuthasat repartent, me laissant seul sur le quai avec une femme sans âge vautrée entre deux énormes paniers et un employé de la gare qui semble ne pas être en possession de tous ses moyens, car il glousse bêtement à chaque fois qu’il passe devant moi, ou alors il éclate de rire. Je sors mon harmonica et je joue quelques airs mélancoliques de notre Béarn. Le simplet vient s’asseoir à côté de moi et il est en extase, tombe presque en pâmoison. Quand je cesse de jouer, il applaudit et pousse des cris de souris. Je préfère me remettre à jouer, ça a l’air de le rendre heureux. Le train doit être encore à Surin quand on entend déjà son grondement sourd, comme un orage dans le lointain. Soudain les rails brillent sous le feu du projecteur de la grosse locomotive diesel. Elle est encore loin, et elle pousse un sinistre hurlement à chaque passage à niveau, car le jeu favori des Thaïs, c’est de traverser la voie alors que le train arrive. À ce petit jeu, ils ne sont d’ailleurs pas toujours gagnants ! La semaine dernière, dans une rue de Bangkok, le train a emporté plusieurs voitures qui se trouvaient prises dans un embouteillage au milieu du passage à niveau. Heureusement, les occupants ont eu le temps de fuir, mais ils ont retrouvé leurs voitures plusieurs centaines de mètres plus loin dans un tel état qu’ils avaient du mal à les reconnaître !

Le train approche, arrive, ralentit dans un strident grincement de freins. Le mécanicien a jeté « la clé » sur le quai, elle est tombée à quelques centimètres de mes pieds. Le chef de gare l’a récupérée. « La clé », c’est un anneau d’une quarantaine de centimètres de diamètre auquel est fixé un petit boîtier contenant je ne sais quel message sur la circulation du train. En repartant, à l’autre bout du quai, le mécanicien récupérera une autre clé qu’il laissera à la prochaine gare. En Thaïlande, les trains roulent sur une voie unique. Les motrices, les wagons et la voie elle-même n’ont pas changé depuis quarante ans. Les trains ne sont pas rapides, mais le système fonctionne bien et les voyages sont bon marché. Je vais mettre un peu plus de dix heures pour parcourir les quatre cents kilomètres me séparant de Bangkok, mais comme je voyage en couchette, je ne me plains pas. Les wagons couchettes sont complets, il ne reste que ma place de libre. Les bagages sont soigneusement rangés le long de la travée. Tous les rideaux sont tirés. Il y a deux rangées de couchettes : une en bas et une en haut. J’ai réservé la plus basse qui est plus stable et j’ai droit à la fenêtre. Malheureusement pour moi, elle ferme mal et j’ai un courant d’air glacé qui me tombe dessus. Je ne dors pas très bien. Parfois c’est le silence qui me réveille. Nous sommes arrêtés en pleine campagne. Pas une lumière à l’horizon. Le crissement lancinant des grillons est bientôt couvert par le bourdonnement crescendo d’un train arrivant à pleine vitesse. Le fracas infernal des rails qui claquent sous le poids des wagons, le souffle tiède et le cri hargneux de la motrice, tout cela ne dure qu’une dizaine de secondes. Nous venons de nous arrêter sur une voie de garage pour croiser un train venant de Bangkok. Alors, le bruit s’estompe, devient un murmure dans le lointain, et les grillons recommencent timidement à chanter. Le wagon grince, je me sens un peu ballotté, et le tacatac régulier des roues sur les rails recommence, jusqu’à la prochaine gare. À Korat, la gare est sinistre, déserte. La femme montée en même temps que moi dans un wagon non couchette descend, avec ses énormes paniers, et elle reste sur le quai, un peu hébétée. Un chien pelé et famélique rôde entre les rails espérant trouver les reliefs de quelque repas jetés par les passagers. Rien ne bouge. Je me rendors, et quand je me réveille, l’air frais me glace les pieds, et nous roulons à nouveau.

 

Mercredi 21 décembre 2011.

Bangkok.

Le jour se lève sur des rizières et une campagne d’une triste monotonie. Puis des constructions de béton noir, des immeubles abandonnés avant même d’avoir été terminés bordent la voie ferrée. De tristes cabanes couvertes de tôles se serrent le long de la voie. Des immeubles crasseux, des routes encombrées, des petites gares bondées... Nous arrivons à Bangkok par Makassan. Toutes les avenues sont bouchées, même dans les « soïs » ( ruelles ) les voitures sont bloquées. C’est le matin, il est huit heures trente, et je suis dans Krung Thep, le nom thaï de Bangkok qui signifie « cité des anges ».

Je rejoins l’hôtel en métro souterrain pour éviter de rester coincé dans les encombrements, je dépose mon sac et je vais à l’ambassade du Myanmar en métro aérien pour demander un visa. On me rendra le passeport vendredi.

 

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Jeudi 22 décembre 2011.

Bangkok.

 

       

 

Cette après-midi, je suis allé musarder dans le quartier du soi Nana, près du Grace Hôtel. Depuis une vingtaine d’années, les Arabes du Golfe d’abord, puis les musulmans en général et les Africains ont investi le quartier. Ils ont leurs restaurants leurs boutiques, leurs hôtels, et même leurs prostituées. Ils aiment les filles bien en chair, alors les prostituées un peu trop rondes pour plaire aux Occidentaux se rabattent sur ce quartier où leur avenir professionnel est presque assuré. Ici les enseignes sont en arabe, et parfois en français si le patron est maghrébin. Les barrières bordant les terrasses de cafés sont en inox et laiton, et le café égyptien « Shishah Nasir al Masri » est carrément en inox du sol au plafond. Le « Néfertiti » à côté n’est pas plus discret. On y fume le narghilé, on y mange des brochettes de chèvre ou de mouton, la viande arrivant certainement dans les mêmes avions que les clients, car je n’ai jamais vu de moutons en Thaïlande. Dans le soi 3/1, la population est exclusivement orientale. Je passe devant la parfumerie Helal. J’y croise le barbu vêtu de sa gandoura, le noir empêtré dans son boubou, des femmes tellement voilées qu’on ne sait pas où est l’avant ou l’arrière, et d’autres portant des masques semblables à des faces d’aigles. Certaines poussent le raffinement jusqu’à porter un masque dont le bec est doré. On se croit à Bandar Abbas. Les seules femmes non voilées sont les prostituées qui se montrent plus discrètes que dans le soi Nana voisin, mais elles sont là, et elles ont du boulot ! Al Haraman Travel, Yusoof Shop, Al Hussain Restaurant... C’est vraiment l’Orient en Asie !

Les Thaïs font preuve d’un racisme exacerbé face aux noirs et surtout aux Arabes, et ils ne viennent pas dans ce quartier. Cela tombe bien, car les Arabes n’aiment pas les Thaïs !

Je rejoins l’avenue Sukhumvit, à quelques mètres de là. Les marchands ambulants ont tellement envahi le trottoir qu’on peut tout juste se croiser. Il est dix-huit heures, la soirée commence. Ce n’est pas le bon moment pour acheter, il vaut mieux attendre vingt-deux heures, le moment où les petits marchands vont ranger leur marchandise. On trouve de tout : de belles peintures aux couleurs vives, des vêtements, des chemisettes au goût douteux, des copies de DVD, des copies de médicaments... J’ai vu des vieux Occidentaux acheter du faux Viagra et même du Valium.

Je commence à me sentir fatigué. J’ai beaucoup marché sur ces trottoirs piégeux et je commence à trébucher à chaque dalle disjointe ou à chaque plaque d’égout. Je reviens au Crown Hôtel.

Vers minuit, je sors de l’hôtel, je traverse l’avenue Sukhumvit, et je vais manger une soupe sur le trottoir.

 

Vendredi 23 décembre 2011.

Bangkok.

J’ai récupéré mon passeport à l’ambassade du Myanmar, j’ai acheté mon billet pour huit mille bahts ( deux cents euros ), et je pars demain.

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