Dernière modification: 05/07/2012

Retour à l'index (Sommaire du site)

Retour au Sommaire "Voyages"

Pour un meilleur confort appuyez sur la touche F11
Cliquez sur les photos pour les agrandir, et sur les mots bleus.


PAGE PRECEDENTE

 

 

Myanmar - Thaïlande.


   
 

Mardi 17 janvier 2012.

Yangon.

Hier soir, dans la demi obscurité de la rue mal éclairée, j'ai réussi à passer à côté d'un grand trou sans tomber dedans, je ne me suis pas tordu les pieds sur les dalles disjointes, et voilà que je trébuche sur des petits rebords de ciment en travers du passage ! Ah ! on n'est jamais sauvé sur les trottoirs de Yangon !

 


 

À midi, je vais manger au restaurant Suzuki, un bon endroit pour prendre un repas thaï. Le garçon porte un T-shirt Yamaha. Je ne sais pas si c'est de l'humour ou si c'est un simple hasard. J'observe les passants. Les Birmans se promènent rarement en couple, sauf les jeunes amoureux qui se tiennent par le cou ou se donnent la main, choses impensables en Thaïlande. Quand des Birmans marchent ensemble, en couple, ils vont côte à côte alors que les Européens vont le plus souvent l'un derrière l'autre, et chez nous c'est presque toujours l'homme qui est devant. Il ne faut voir là aucun sexisme, c'est tout simplement parce que la femme, inconsciemment, a besoin de surveiller son époux. La preuve : quand elle est avec ses enfants, si elle les fait marcher devant c'est pour mieux les surveiller non ? Je vois très peu de musulmanes portant le foulard, sauf dans le quartier des mosquées, près de Sule Pagoda. Le voile intégral est évidemment interdit puisqu'il faut avoir le visage découvert. Pour le casque intégral en moto le problème ne se pose pas à Yangon : pour diminuer le risque d'attentats et de fuite, les motos sont interdites dans la ville. Les hommes portent presque tous le longyi, ce qui leur donne une silhouette féminine surprenante au premier abord. Les femmes et les enfants couvrent leur visage de thanakha, une poudre blanche extraite de l'écorce d'un arbre. Cela leur donne des airs de clowns blancs ou de meuniers enfarinés. Je trouve cela particulièrement inesthétique, mais il ne faut pas le leur dire, ça ne leur ferait pas plaisir !

Le soir, comme tous les soirs, je vais boire mes deux chopes de bière au petit bistrot de la rue Merchant, juste en face de la Golden Smile G.H. Pendant que je grignote mon morceau de poulet, un gros rat noir sort d’un trou, juste à quelques centimètres de mes pieds. Il me regarde un instant comme le ferait un chat ou un chien, puis me tourne le dos. Il n'est pas bien loin, car je vois pendre le bout de sa queue à portée de main. Je pourrais presque le saisir, comme la souris verte de la comptine et le montrer à ces messieurs ( les autres consommateurs ) qui n'en feraient aucun cas d'ailleurs ! À Yangon, les rats sont des animaux utiles : ils servent d'éboueurs. Ils ne me gênent pas, ne me font pas peur, je n'éprouve aucune répulsion à leur vue, et ils sont d'ailleurs en meilleure santé que les chiens ou les chats, car ils sont mieux nourris. Ils ne sont pas pelés comme ces pauvres canidés faméliques errant tristement le long des trottoirs effondrés !

Non loin de ma table, en terrasse, trois jeunes se partagent une bouteille de whisky. Ils sont bien éméchés, mais ne manifestent pas leur ébriété bruyamment. Soudain, le père de l'un d'entre eux arrive, titubant tellement que j'ai cru un instant qu'il ne monterait pas sur le trottoir sans ravages pour les tables les plus proches. Il vient chercher son fils. Papa et le fiston ne sont pas clients du même établissement, à ce que je constate ! Ils traversent la rue en se donnant le bras sans se soucier le moins du monde des voitures, titubant comme les marionnettes à fils bien connues dans le pays. J'imagine l'arrivée à la maison et la détresse de la femme ! En comparaison, « l'assommoir » de Zola est un roman à l'eau de rose !

 

    

 

   

 

Mercredi 18 janvier 2012.

Yangon - Bangkok.

Pour en finir en beauté avec le Myanmar, je vais manger une dernière soupe au « Suzuki ».

Encore une fois, je quitte le Myanmar à regret. Bien sûr, je suis content de retrouver la Thaïlande parce que c’est un peu mon pays d’adoption, le pays d’Amnoay, parce que je parle plus ou moins bien la langue et que je peux converser avec les Thaïs. C’est ça qui m’a le plus manqué au Myanmar : la possibilité de communiquer avec tout le monde. Mes échanges se sont bornés aux gens maîtrisant un peu l’anglais, soit des personnes concernées par le tourisme, soit des personnes ayant un certain niveau d’instruction. Les Birmans me laissent l’impression d’un peuple heureux, insouciant et fataliste. Je ne pense pas que leur pauvreté matérielle soit un gros souci. J’ai vu des gens très pauvres, même des gens misérables... En France aussi, on trouve des gens misérables, et, pire encore, des individus qui n’ont plus leur place dans la société, et chez nous, quand on n’a plus sa place dans la société, l’existence devient un enfer. Au Myanmar, il reste la famille, et comme dans leur société, c’est la cellule la plus importante...

Le Myanmar va « évoluer » dans le sens où nous appelons le changement qui l’attend « évolution ». Ils vont travailler plus pour gagner plus, et ceux qui auront beaucoup travaillé auront beaucoup plus d’argent que ceux qui n’auront pas eu la chance de trouver un emploi... et alors ? Alors, le pays aura « évolué ». Deux nouveaux fossés se seront creusés entre une classe moyenne qui n’existe pas encore et la classe dominante d’une part, et les déshérités d’autre part... car il faudrait être bien naïf pour croire qu’Aung San Suu Kyi va éradiquer la misère. Elle sera peut-être à la tête d’un pays aux richesses naturelles énormes, c’est tout ; et c’est pour cela que les pays occidentaux viennent lui faire des courbettes.

Le chauffeur de taxi me menant à l'aéroport veut savoir ce que je pense du Myanmar. Je comprends très vite que c'est le genre à poser beaucoup de questions et à ne pas se dévoiler. Il est toujours d'accord avec moi, même si je me contredis au bout de cinq minutes. Il me fait penser à cet agnostique à qui on demandait : « Pourquoi répondez-vous toujours aux questions par des questions ? » et le gars de répondre : « Et pourquoi pas ? » Je me contente de lui dire que dans mon pays, on est dans la mouise, que je pars dans un instant en Thaïlande où ils sont dans la mouise et que je me demande si son pays ne serait pas un peu aussi dans la mouise. Contrairement à toute attente, le fait que je me pose cette question semble le satisfaire.

 

 

À l'aéroport l'enregistrement des bagages n'en finit pas. Les employés ont un plan de l'avion avec de petites étiquettes autocollantes, et ils découpent à chaque fois une étiquette qu'ils collent sur les cartes d'embarquement, puis ils barrent le siège ainsi attribué sur un autre plan...

Dans l'avion de Bangkok Airways, bien qu'il ne soit que dix-sept heures au moment du décollage, j’ai droit à un bon repas, arrosé de trois verres de vin rouge. Je n'ai pas bu de vin depuis un mois, alors je ne suis peut-être pas très objectif, mais celui qu'on nous propose me semble délectable !

L'arrivée dans l'aéroport de Suvarnabhumi est toujours aussi désagréable. Il faut marcher, marcher à n'en plus finir, attendre quarante minutes avant de pouvoir montrer son passeport au guichet de l'immigration, aller tout au fond de l'immense salle pour récupérer son bagage. Tous les bagages ont été retirés du tapis roulant et entassés dans un coin. C'est une vraie pagaille ! Franchement, j'ai toujours dit que je préférais quand on arrivait à Don Muang, l'ancien aéroport, et aujourd'hui, je persiste et signe !

Je vais rejoindre Sukhumvit, pour la première fois par le « City-train ». C'est rapide, et moins dangereux que les slaloms du taxi sur l'autoroute. Il est vingt et une heures quand je descends à Makassan, le seul endroit où je peux avoir une correspondance avec le métro. Dans la station de Makassan, c'est tellement mal indiqué que je me perds dans des halls déserts au carrelage rutilant, aux escalators me ramenant toujours au même endroit... Ce que je ne savais pas, c'est qu'il faut sortir de la gare, traverser une rue, pour retrouver la station de métro. Évidemment, des chauffeurs de taxi sont là à l'affut du touriste désorienté, à dire que la station de métro est très loin, qu'elle est fermée... Je dois dire que sans connaître Bangkok et sans parler thaï, je me demande si je ne me serais pas fait piéger par des taxis malhonnêtes... J'arrive à l'hôtel à neuf heures et demie, et je vais manger une soupe sur le trottoir : un régal !

 

Les billets birmans sont parfois un peu défraîchis !

 

PAGE SUIVANTE...............

 

Retour au Sommaire "Voyages"