Dernière modification: 05/07/2012

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Phnom Penh

Mardi 21 février 2012.

Kompong Som - Phnom Penh.

Je quitte le bord de mer pour la capitale. Le car part à huit heures et demie. Durant les premiers kilomètres, nous nous arrêtons partout jusqu'à ce qu'il soit complet. Tout le monde est silencieux, sauf deux Cambodgiennes très bavardes. Elles parlent par syllabes juxtaposées et cela ressemble à des jappements de chiots. On dirait un Français qui imite la façon de parler des Chinois. Ce n’est vraiment pas mélodieux. Le chauffeur a mis de la musique. D'abord, j'étais content, puis les bavardes ont haussé le ton pour continuer leur conversation, alors les jappements sont devenus des aboiements. J'ai pris mon lecteur MP3 et je me suis enfoncé un concert des Scorpions dans les oreilles. Ce n'est peut-être pas très bon pour mes trompes d'eustache...

La route est longue ; cinq heures. Ce qui est impressionnant, c'est quand le car double un camion en suivant un autre poids lourd, c'est à dire sans visibilité. C'est de la roulette russe à longueur de trajet. Et dans chaque voyage, le chauffeur commet au moins une ou deux grosses imprudences. Il ne faut pas trop s'effrayer, les conducteurs, contrairement à chez nous, sont très vigilants. Ils s'attendent toujours à trouver quelqu'un en face dans chaque virage ou sommet de côte. À trois de front ça passe, mais pas à quatre ! Donc, dans les accidents, il y a toujours une part de... malchance.

Le car s'arrête à midi pour le repas dans un de ces petits restaurants où l'on vous sert un plat tout à fait courant en courant, car lorsque le chauffeur a fini de manger, tout le monde doit avoir fini. Il se remet au volant, klaxonne trois fois et repart. Il faut donc toujours surveiller le chauffeur lors des arrêts !

Si les Thaïs ne réagissent pas devant les bouffonneries des vidéos présentées dans les bus, les Cambodgiens, eux, rient à gorge déployée. Ils sont vraiment bon public !

Avant d'arriver à Phnom Penh, nous traversons une nouvelle zone industrielle. Le pays est en train de sortir de cette période « année zéro » où l'avaient mené les Khmers rouges. En effet, en plus d'avoir assassiné tous les intellectuels, les professeurs, les médecins, les ingénieurs et réduit tout le pays à la famine, ils avaient stoppé toutes les industries, fermé tous les hôpitaux et toutes les écoles... Année zéro ; on ne pouvait pas mieux trouver. Aujourd'hui le Cambodge se relève, et peut-être un peu plus vite que prévu. Tant mieux !

L'arrivée dans Phnom Penh se fait par le Boulevard Mao Tsé Toung. Les trottoirs couverts de détritus sont en terre. La poussière recouvre tout. L'urbanisation est totalement anarchique : on trouve un immeuble de quatre étages entre deux masures de bois et de tôle, une villa coincée entre deux grands dépôts de ferraille ou de bois. Les marchands de carburant ont installé leurs jerricans de vingt litres, en grandes pyramides, sur le bord de la route. Tiens ! une immense publicité pour les cigarettes « Alain Delon » ou pour « Rémi Cointreau » ( je ne connais pas ).

Le car s'arrête près du marché central Psah Timei. C'est une grande coupole Art Déco construite par les Français à l'époque de la colonisation. Il a une entrée à chaque point cardinal, ce qui lui donne un peu l'aspect d'une étoile. Il a été rénové en mai 2011 avec l'aide de la France, tout de neuf repeint avec sa couleur d'origine et on dirait une grosse glace à la vanille. Tout le centre en est occupé par des bijoutiers qui ont l'air de vendre à peu près tous la même chose. Je ne me risquerais pas à y acheter des bijoux.

Je me rends en touk-touk à Angkor Chey guest house, près du marché Psar Char. La chambre comporte des ouvertures au niveau du plafond, donnant dans la chambre voisine occupée par un couple de Cambodgiens que j'entends parler. J'espère qu'ils ne vont pas se raconter des histoires toute la nuit ni chanter des chansons de scouts... Dans l'après-midi, je vais au bord du Tonlé Sap. C'est un bras du Mékong qui relie le lac éponyme au fleuve. Sa particularité tient au fait que son cours s'inverse. Pendant la saison des pluies, il coule vers le nord pour remplir le lac, et en ce moment, à la saison sèche, il coule vers le sud, car le lac dont le niveau est supérieur à celui du fleuve se vide. On voit d'ailleurs sur les berges qui ont été proprement bétonnées que l'eau a laissé des traces à une hauteur impressionnante. La promenade le long du Tonlé Sap a été bien arrangée et recouverte de dalles, et ce n'est plus le dépotoir que j'ai connu il y a quelques années. Dès que la nuit tombe, les jeunes prennent leur moto et ils tournent inlassablement dans tout ce quartier. D'autres viennent s'asseoir sur les bancs et sur la murette, et c'est un lieu de rencontre où chacun semble de bonne humeur. Dommage que les vendeurs à la sauvette viennent sans arrêt proposer des cigarettes, des cacahuètes, des bonbons, des fruits, des copies de DVD, des copies de guides ou de livres sur le Cambodge. Ils se sont même donné la peine de photocopier des guides Lonely Planet comportant plus de mille pages comme ceux sur la Chine ou l'Indonésie. Rien ne les arrête.

 

Mercredi 22 février 2012.

Phnom Penh - Poipet.

J'achète un billet de bus à mon hôtel pour partir ce soir à neuf heures. Cela comporte deux avantages : je ne sacrifie pas une journée à voyager, et j’économise une nuit d'hôtel. J'ai donc toute la journée pour flâner. Le matin, je vais au marché Psah Char à côté de l'hôtel. Il est couvert de tôles sur lesquelles on jette parfois des détritus, notamment des pneus de vélo. Dans ses venelles étroites, parfois très sombres, on y trouve à coup sûr ce que l'on cherche. Des vêtements au bricolage en passant par les objets de culte et les salons de beauté... Sur le côté ouest il y a un petit marché aux légumes et des marchands de viande et de poisson. Quelques mouches bleues sont là, elles aussi. Les odeurs de poisson séché, de viande, de fruits et de friture donnent parfois la nausée. Les marchandises les plus abjectes, comme les gros insectes frits, côtoient les plus appétissantes comme ces petits gâteaux à la noix de coco ou ces mangues savoureuses. Les changeurs de monnaie occupent le pourtour. Ils présentent tous à peu près le même taux : 4035 riels pour un dollar.

Dans l'après-midi, je longe le Tonlé Sap jusqu'à l'esplanade du Palais-Royal. Il n'y a pas grand monde dans le secteur, et je comprends pourquoi. Je ne sais plus où me mettre à cause de la chaleur. Je suis au bord de l'apoplexie, alors je ne suis pas trop d'humeur à sourire aux conducteurs de Taxis me proposant leurs services à chaque pas : « Touk-touk ! », « motobyke », « moto ». C'est insupportable ! Je me réfugie à l'ombre à la terrasse d'un café avec un gros ventilateur au-dessus de moi, et j'écris mon carnet de bord, jusqu'à ce que la nuit tombe.

 

     

 

À neuf heures je prends le car vers Battambang où je dois arriver au milieu de la nuit. Toujours les mêmes « acrobaties » du chauffeur qui double sans visibilité et qui va même jusqu'à faire arrêter un camion arrivant en face sur le bas-côté. Heureusement que personne ne roule vite ! La circulation se calme, tout le monde s'endort dans le car, les sièges peuvent s'incliner, mais ce n'est pas confortable, car il n'y a pas d'accoudoir entre les passagers, alors j'ai peur de tomber sur la petite dame se trouvant à côté de moi. Nous nous arrêtons dans un restaurant de nuit qui propose une soupe de riz très correcte. Tut ! tut ! tut ! le car repart. Il est deux heures, chacun voudrait bien se rendormir, mais voilà que deux femmes assises l'une à côté de l'autre se mettent à aboyer, japper, cancaner, rire comme si c'était midi. Plus personne ne peut dormir et personne ne leur dit rien. Je m'enfonce du blues dans les trompes d'eustache... c'est plus supportable. Le car arrive à Battambang. La ville est totalement déserte à part un ou deux chiens galeux. Nous nous arrêtons devant un hôtel dont les tarifs ne me conviennent certainement pas. Personne ne descend. Que vais-je faire dans la nuit dans cette ville morte, tout seul ? Il n'y a même pas un cyclopousse. Le responsable du bus appelle le passager qui doit descendre, mais il ne sait pas que c'est moi. Moi, je fais celui qui n'est pas concerné. Non, descendre n'importe où, mais pas ici à deux heures, en pleine nuit ! Les lumières s'éteignent, le bus redémarre. Mais voilà, je ne sais pas où il va. Peut-être à Sisophon ? à Poipet ? à Siem Reap ? Je consulte mon GPS, et après Sisophon, je m'aperçois que nous nous dirigeons vers Poipet. Hé bien tant pis, au lieu d'aller faire un petit coucou aux tortionnaires Khmers rouges réfugiés à Pailin et reconvertis en marchands de gemmes millionnaires, je serai dès ce matin en Thaïlande.

Pour visiter le marché en images, cliquez ici :

 

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