Dernière modification: 16/09/2013

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Les Écoles de Coslédaà-Lube-Boast.

 

Avant la Révolution de 1789 nos trois paroisses avaient chacune un instituteur ou "Maître d'école" mais qu'on ne retrouve guère que par hasard dans des documents éparses. Il est vrai qu'il fallut attendre 1882 pour que l'école soit gratuite et obligatoire, bien qu'un premier essai en a été décrété pendant la Révolution. En effet, le 19 décembre 1793 la Convention vote le projet éducatif. Les députés sont décidés à ne plus  laisser les enfants livrés à eux-mêmes par suite de la désorganisation des écoles auparavant sous la tutelle de la Religion. Les députés ont approuvé et voté le projet éducatif du député Gabriel Bouquier.

L'Enseignement primaire sera laïc, gratuit et obligatoire, pour tous les enfants de six à neuf ans. Les instituteurs pourvus d'un certificat de civisme seront salariés par l'État en fonction de leurs élèves. C'était un pas immense pour l'époque,mais les députés avaient été trop vite ; il ne suffisait pas de voter une loi, si elle n'était pas suivie de moyens financiers. Faute de n'avoir été appliquée la loi Bouquier est restée lettre morte. Aussi à l'instigation du député Lakanal ils ont adopté le 17 novembre 1794 un ensemble de décrets plus réalistes sur l'enseignement : plus d'obligation scolaire cette fois, seule la gratuité est maintenue. Pas pour longtemps, car le 25 octobre 1795 la loi cadre présentée par Daurnon abat donne la gratuité, les instituteurs seront simplement logés et se feront directement payer par les élèves (alors que la loi Bouquier avait prévu qu'ils devaient être payés par l'État).De plus, ce sont les autorités locales et non plus l’État qui décident de la création d'écoles. Autrement dit nous sommes revenus à la case départ. Il faudra attendre Jules Ferry, presque cent ans plus tard, pour avoir une école gratuite et obligatoire avec des instituteurs payés par l'État.

Dans l'Ancien Régime, comme au XIXe siècle, les enfants devront payer leur instituteur suivant les moyens de leurs parents. Les instituteurs ont une petite rémunération donnée par la Fabrique de la paroisse (conseil paroissial) pour pouvoir instruire les plus pauvres, avant la Révolution, puis par la commune après la Révolution. Les élèves payaient suivant l'instruction que les parents jugeaient utile de leur donner; une première somme pour apprendre à lire seulement, une deuxième pour apprendre à écrire et une troisième pour lire, écrire et compter. Autrement dit si l’on voit, à la fin d'un acte la mention "n'a su signer" cela n'exclue pas que la personne pouvait lire.

En 1663 nous trouvons comme témoin d'un acte Fourticq de la Loubêre régent, habitant Lube. (Le régent était un maître d'école). Le premier avril 1746 nous avons comme témoin de la prise de la cure de Lube, Jean Garrot de Montaut maître d'école de Lube et qui signe avec les jurats. Le 16 mars 1749 nous avons Pierre de Boudet d'Audiracq, régent d'école au présent lieu de Boast comme témoin de la prise et possession de la prébende de Loubée. Le 15 janvier 1768 Jean Pagadâa régent de Coslédaà témoin de la prise de possession des cures de Coslédàa et de Lube son annexe. C'est ce même Pagadàa qui rédige le cadastre de Coslédaà le 26 mars 1767. Il a une très belle écriture, facile à lire. Il signe fait "par moy Jean maître d'écoles". Le 12 mars 1766, vente de terres par Jean Laloubêi dit Régent de Lube au profit de Mathieu Lassus de Lube. On pourrait penser que les Laloubère sont régents de père en fils, mais je ne le crois pas, c'est plutôt devenu un surnom.

par Maurice Vié     


La langue française, entre
alphabétisation et propagande
sous Napoléon Bonaparte. (en 1800) .

Au début du XIX° siècle, l'alphabétisation dans les campagnes demeure dans une situation préoccupante  les préfets alertent fréquemment Napoléon sur la nécessité de donner au peuple une éducation. Des progrès se font jour ici et là par la mise en place de cours de calcul décimal ou par l'organisation de distributions de prix, mais il s'agit là d'initiatives locales. L'abandon par le pouvoir de l'enseignement primaire au profit du secondaire ne permet pas de pallier la situation alarmante de l'analphabétisme. Les maires sont impuissants, dans le milieu rural, face à la « disette des instituteurs ». La négligence et la décadence de l'enseignement primaire trouvent en partie leur origine dans le budget insuffisant des communes. Le coût de l'école et la qualité des instituteurs sont très variables en fonction des régions et des villes de France. Rien n'est fait pour unifier le système.

La langue elle-même, ou plutôt les langues, sont un obstacle malgré les différentes mesures prises pendant la Révolution pour que le français devienne la langue de tous les citoyens. Les campagnes sont toujours marquées par la prédominance du patois et des dialectes locaux. Si la langue française est globalement comprise par la population (au début du XVIII° siècle, elle était quasiment inconnue de tous), des foyers de résistance persistent, revendiquant l'usage du parler local, comme en Bretagne, en Alsace ou en Occitanie*. Parallèlement, la conscription,** en brassant au sein de la Grande Armée des centaines de milliers de jeunes français aux origines diverses, contribue à l'unification linguistique du pays.

Une unification qui reste par ailleurs difficile concernant l'application du système décimal des poids et mesures, qui doit s'appliquer à partir du premier vendémiaire de l’an X. Devant la persistance des noms anciens, comme la toise ou le boisseau, des tableaux d'équivalences sont mis en place.

Symptôme de cette difficile unification, les communications dans les campagnes restent défaillantes. La surveillance des informations est grande et les livres qui transitent en France sont vigoureusement recensés. La presse est censurée et ce défaut de liberté restreint la diffusion des journaux politiques. Au contraire, le Bulletin de la Grande Armée et les images représentant les soldats et les batailles sont largement diffusés en France et dans les campagnes. Faute de pouvoir communiquer dans une langue comprise de tous, les images parlent à l'imagination. Les affichages, les lectures publiques sont les seules sources d'information tout passe donc par le relais de l'oral. L'information est déformée et lacunaire ; elle cultive les peurs et anime le peuple au gré des événements et de leur retranscription.

On peut encore voir, à Coslédaà ou à Boast, les ouvertures ou podium d'où se déclamaient les annonces paroissiales et communautaires par les jurats et les marguilliers***. On y accédait par deux marches à l'intérieur du cimetière.

 

Occitanie*: le Béarn fait partie de l'Occitanie.
      conscription**: le service militaire était obligatoire, mais l'on pouvait très bien payer un remplaçant. Au total, près de 840 000 soldats ont péri au cours des combats de l'époque napoléonienne. Coslédaà ne compte qu'un seul décès de jeune conscrit.

marguillier***: Membre du conseil de fabrique d'une paroisse, la fabrique étant l'ensemble des clercs et des laïcs administrant les fonds et revenus affectés à la construction, à l'entretien d'une église.


L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE DANS LES BASSES-PYRÉNÉES (1848 - 1870)

« Il y a certaines instructions qu'on ne doit pas donner aux paysans ...»
 


 

La tribune du « crieur public »

Tout autour de l'église de Coslédaà se trouve le cimetière. On peut remarquer près de son entrée principale, une échancrure, ou ouverture, par laquelle on accède de l'intérieur comme de l'extérieur par deux marches en pierre de taille. Nous avons le même exemple à Boast et à Moncaubet (elle a peut-être été supprimée à Lube). À chaque restauration des murs de ces cimetières, ces ouvertures sont soigneusement conservées. Les habitants que j'ai questionnés semblent en ignorer l'usage, mais après avoir posé la question à l'incontournable érudit M. l'Abbé de Laforcade, celui-ci m’a donné la réponse :

« Les trois marches de la petite entrée du cimetière avaient pour but d'empêcher le bétail de pénétrer dans le champ des morts ; c'était un souci des jurats ou des évêques lors des visites pastorales que de prendre des dispositions pour la fermeture du cimetière de Simacourbe. Le portail était fermé par une grille assez large qui interdisait aux animaux à sabots d'aller paître sur les tombes. Mais si j'en juge, dit M. l'Abbé, par ce que possède Lagor, la tribune que formaient les trois marches, servait aussi à celui qu'on nommait « Le mande commun » ou « Le crieur public» à proclamer les avis municipaux. Les fidèles qui sortaient de l'église se rassemblaient autour de cette « chaire » et écoutaient les convocations, l'avis de passage du percepteur, les indications pour les prestations, etc. Quand j'étais en Vic-Bilh, dit M.l'Abbé, il y a plus de quarante ans, on procédait ainsi au pied de la croix au bout de l'allée qui précédait de l'église de Cadillon ».

D’après Maurice Vié

 

     

le mur du cimetière de Coslédaà, de Boast, et l'ancienne école de Boast. (jusqu'en 1900)

 

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